• Le journal d'Eugénie 1910

    1910

     

    Georges a demandé la main d’Antoinette, je suis tellement heureuse, je l’aime beaucoup cette jeune fille.

    Henri, Georges et moi, avons eu une conversation plutôt houleuse au sujet de la dot d’Antoinette. Comme le veux l’usage, la jeune fille apporte une dot avec elle lors de son emménagement. Georges est contre sa famille a besoin de cet argent. Depuis le décès du père, la maman a du mal à entretenir le foyer. Dans sa logique, Georges aurait dû emménager avec eux, mais Henri a été catégorique, c’est lui le fils aîné et il doit rester ici, que sa logique n’est pas celle qui doit être. La jeune fille emménage chez son mari et pas l’inverse.

    Je les ai laissé se disputer. Il est vrai que les temps changent, mais je suis du côté d’Henri. Antoinette doit s’installer chez nous, c’est plus dans l’ordre des choses. 

    Le journal d'Eugénie 1910

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Je ne sais pas pourquoi Georges et Antoinette voulaient se marier si vite, mais c’est le cas. Une semaine après leurs fiançailles, Georges a publié les bans à la mairie. La date est fixée, les noces auront lieu ce samedi.
    Cela me laisse trois jours pour briquer la maison. Je n’aimerais pas que la femme de feu Monsieur le Maire, trouve ma maison sale.

    J’ai confectionné la pièce montée aux couleurs choisie par Antoinette. Elle m’a aidé pour la décoration, j’aime bien cette petite, elle s’intéresse à beaucoup de choses et elle écoute ce que je lui apprends. Elle n’est pas impatiente comme Rose.

    Rose est pressée d’avoir une « grande sœur » à la maison, elle en avait un peu marre de ses frères. Ils font beaucoup de choses ensembles, comme aller à la pêche, nager dans la rivière, jouer aux fers-à-cheval. J’ai beau lui dire qu’une jeune fille ne doit pas faire tout ça, qu’elle devrait broder ou jouer du piano, mais non, elle préfère chasser les grenouilles avec Octave et Georges. 

    Le journal d'Eugénie 1910

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le vendredi soir, bien après l’heure du coucher, j’ai trouvé Georges dans la salle de peintures. Il était nerveux, je le voyais dans ses coups de pinceau.

    C’est là qu’il m’a avoué qu'Antoinette et lui avait consommé avant le mariage. D’un coup, j’ai compris pourquoi cette précipitation. Ils avaient peur qu’elle soit enceinte avant d’être mariée. Si Henri savait un tel secret, pour sûr, il ferait trembler la maison tout entière.

    Nous avons inculqué certaines valeurs à nos enfants, et ça, ça en fait partie. Je suis un peu déçu de Georges et encore plus d’Antoinette, mais je le garde pour moi, tout comme ce secret restera entre Georges et moi.
    Demain, nous les marierons et advienne que pourra. 

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    Le grand jour est arrivé. Antoinette était un peu triste de l’absence de sa maman et de son frère. Même s’ils avaient une relation conflictuelle, le mariage de son enfant est un moment merveilleux. Je dis ça, mais nous nous sommes mariés en catimini.

    La cérémonie était très émouvante et belle. Le soleil n’était pas au rendez-vous, mais c’était fait. Si Antoinette est enceinte, elle est mariée maintenant. 

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    Henri a montré sa déception quand la maman d’Antoinette et son beau-père sont arrivés à la maison pour le repas de noces.

    Antoinette a snobé sa maman et s’est enfuie dans la chambre de Georges en pleurant. Pauvre petite. Je lui ai bien fait comprendre que sa famille, c’était nous dorénavant, elle aura toujours sa maman dans sa vie, mais honnêtement, pour ne pas venir au mariage de sa fille, elle ne vaut même pas la peine que je bataille pour lui trouver des excuses. 

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    Cela fait un mois que Georges et Antoinette sont mariés et effectivement, un bébé est en route. Il n’y a que ma belle-fille et moi qui sommes au courant, elle préfère attendre un peu que la phase critique soit passée. Je n’ai jamais fait attention à ça, mais il est vrai qu’elle est frêle.

    Alors que j’enseignais les bases du tricot à Antoinette, mon oreille s’est attardée sur les mots de Henri qui discute politique et guerre avec Georges. J’espère qu’il n’y aura pas de guerre, je n’aime pas la violence.
    Quand Georges est sorti, j’ai jeté un œil à Henri. Nous nous sommes regardés un moment dans les yeux, et j’ai su que bientôt nos vies allaient changer. 

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    Même s’ils se sont enfermés dans la chambre de Rose, j’ai entendu Henri et Georges se disputer au sujet de la politique.

    Les nouvelles ne sont pas bonnes, tout le monde en parle au village, mais rien n’est officiel et moi, je ne retiens que ça.

    J’insiste pour que ma bru dise à mon fils qu’il va être papa, mais elle veut encore attendre. Comme je ne veux pas faire peur aux filles et surtout à mon Octave, je ne lui ai pas parlé des nouvelles qui courent partout. J’aimerais juste que mon fils soit au courant qu’il va avoir un héritier si les choses s’enveniment. 

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    Elle lui a annoncé la nouvelle avant la fin de troisième trimestre. Mis à part des nausées matinales, tout se passait bien.

    Georges a été ravi de cette nouvelle, il espère avoir une petite fille qui ressemble à sa maman. Henri et moi, nous préférons un héritier. Dame nature fera son choix.

    Rose a briqué la nurserie, savoir qu’elle va être tante la ravit. Octave s’en moque un peu, lui à part la pêche et les activités en plein air, rien d’autre ne l’intéresse. 

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    Antoinette en était à son deuxième trimestre quand mon frère Arthur est venu pour annoncer que la guerre était déclarée à Henri. La fin du monde pour moi, de mon monde plus précisément. Mon époux, mon fils et mon frère vont devoir aller faire la guerre et risquer leurs vies.

    Je suis abattue. Comment annoncer à mes enfants que leur papa et leur frère vont quitter la maison pour

    un moment ?

    Comment allons nous gérer la maison sans les garçons ? Mon Dieu, je n’arrive plus à penser.
    Leur départ est prévu pour la veille de Noël, cette jolie fête de la nativité qu’on affectionne particulièrement va être, une journée, morose pour nous. Et mon Octave qui fête son anniversaire le jour de Noël, quel triste anniversaire pour lui sans son papa et son frère. 

    Le journal d'Eugénie 1910

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Mes larmes coulent sur mon cahier créant des taches d’encre, mais je m’en fiche, qui lira ce journal de toute façon.
    Il faut que je me ressaisisse, je dois être forte pour ma famille. 

    Le journal d'Eugénie 1910

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    La veille de leur départ au front, Georges a emmené son épouse faire un tour et être un peu seul. Il est vrai que la maison est remplie et en effervescence, les petits se posent énormément de question, Henri doit leur répondre, mais sans trop savoir.

    Antoinette est anxieuse, elle vient d’arriver dans notre famille et ne se sent pas entièrement chez elle. Georges lui a fait la promesse qu’il reviendrait bientôt. Mon tendre fils, ne fait pas des promesses dont tu n’es pas certain de les tenir.

    J’ai profité de leurs absences pour passer un moment avec Henri. Nous avons besoin de nous retrouver avant son départ. J’espère qu’il va revenir, oh mon Dieu, faites qu’il revienne. 

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    Vers cinq heures du matin, Henri et Georges nous ont pris dans leurs bras. Le départ était difficile pour tout le monde, surtout pour Georges qui ne serait pas là pour la naissance de notre petit-enfant.

    Je pris un moment pour regarder mes hommes partir en guerre parce qu’ils n’ont pas le choix, j’ai souri à Henri pour lui montrer que je serais forte en son absence et il m’a pris dans ses bras de nouveau en me chuchotant qu’ils vont revenir bientôt. Que Dieu t’entende mon amour, que Dieu t’entende.

    Ils sont sortis dans le froid et au lever du jour. Nous les avons regardés par la fenêtre et nous sommes restées là jusqu’à ce que leurs silhouettes disparaissent dans la brume d’hiver.

    Antoinette pleurait en silence, je l’ai pris dans mes bras pour la consoler. Intérieurement, je suis dans le même état qu’elle, mais je dois être forte pour ma famille. 

    Le journal d'Eugénie 1910

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Dans la matinée, je suis allée au marché, il y avait un moment que je n’y étais pas allée. La vendeuse m’a dit que tous les hommes en âge de se battre, étaient partis au front. Son livreur est parti aussi.

    Il va falloir que tout le monde s’habitue, on ne sait pas quand cela finira.

    Je prends mes denrées manquantes et elle me propose de racheter mon surplus de légumes si j’en ai. Je réponds par l’affirmative, mais je sais que je dois d’abord penser à ma famille.

    Le journal d'Eugénie 1910

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Quand je suis rentrée, les filles étaient occupées à peindre des toiles, je ne sais pas si ça nous rapportera de l’argent pendant ces temps difficiles, mais au moins, ça les occupe.

    J’imagine qu'Antoinette doit avoir le cœur lourd, donner naissance à son premier enfant ce n’est pas évident, mais le faire sans son mari, c’est encore pire. Au moins, je serais là, elle ne sera pas seule.

    J’ai prévenu sa mère, mais elle ne m’a pas donné réponse. Henri avait raison, depuis qu’elle a eu une petite fille avec son second époux, Antoinette ne compte plus. J’ai du mal à comprendre ces mères qui rejettent leur enfant. 

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    Nous sommes le jour de Noël, encore une fois mon Octave se pose des questions, pourquoi nous ne fêtons pas Noël cette année ? Quand est-ce que son père et son frère vont revenir ?

    Il est tellement innocent, je tente de lui expliquer avec mes mots que cette année nous n’avons pas le cœur à faire la fête, que nos pensées ont accompagné Henri et Georges.

    Ce n’est pas facile pour lui, le seul homme de la maison, il s’ennuie.

    Demain, je vais aller au village avec lui, il pourra sûrement trouver un enfant de son âge et vivre sa vie d’enfant. 

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    Les premières contractions sont apparues vers minuit, Antoinette s’est réfugiée dans la nurserie afin de souffrir en silence.

    Dès que j’ai entendu son premier cri de douleur, j’ai accouru pour la seconder. Mon Dieu, faites que tout se passe bien.
    Je lui massais le dos et respirais en même temps qu’elle. Je la rassurais du mieux que je pouvais, elle était frêle et n’avait pas le corps pour enfanter. Nous allions y arriver.

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    Mon petit-fils est né en plein milieu de la nuit, finalement, Antoinette s’est bien débrouillée. Elle a donné naissance à un petit garçon. Joseph Georges Henri Leroy.

    Je suis tellement fière de cette nouvelle génération et d’être grand-maman.

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    Nous nous relayions avec Antoinette pour qu’elle puisse se reposer au maximum. Elle l’allaite et je m’occupe du change et de le bercer. Je suis déjà très attachée à ce petit bout. Il ressemble à son papa, mais c’est difficile à dire à cet âge-là.

    Les prochaines nuits vont être courtes pour nous deux, mais nous allons y arriver, j’y suis bien arrivée trois fois.

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    Nous avons quand même fêté l’anniversaire d’Octave à défaut de fêter Noël. Ça y est, mon dernier-né est devenu un jeune adolescent. Je pris les dieux pour la guerre se termine avant qu’il ne soit un jeune homme. Pourvu qu’il ne soit pas enrôlé dans cette guerre.

    Rose fréquente un jeune homme du village voisin qui vient aider les personnes âgées. Je les ai vu discuter près de la rivière. Il m’a l’air bien. Elle ne m’a encore rien dit et j’attendrais qu’elle m’en parle, mais comme il aide son prochain, il ne peut être que bien pour elle.

    Antoinette pleure le soir dans sa chambre, le matin, elle a les yeux bouffis. Même si elle me dit que les nuits avec Joseph sont dures, je sais que mon Georges lui manque comme Henri me manque. Je lui ai dit d’écrire à mon fils, ça lui fera du bien de savoir qu’il a un fils. 

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    Un officier a frappé à notre porte à la tombée de la nuit, je savais qu’il était arrivé quelque chose de grave, sinon, il ne serait pas là.

    J’ai ouvert la porte et je l’ai refermé derrière moi. Mon Henri n’était plus, il nous avait quitté. Le chagrin m’a pris la poitrine, je n’arrivais plus à regarder l’officier qui était devant moi. Il a posé sa main sur mon bras et il a ajouté, «votre fils Georges est grièvement blessé, mais vivant. »

    Cela me console un peu, la chair de ma chair était toujours en vie. Je le remercie d’un signe de tête et je reste sur le perron. Je vois la silhouette disparaître dans la nuit froide de l’hiver petit à petit.
    Comment vais-je annoncer cette tragédie à mes enfants et à ma bru ?

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    Il aura fallu plusieurs semaines avant que la dépouille de mon époux n’arrive à Hendford. L’enterrement fut simple vu le nombre de victimes dans notre village.

    Rose et Octave m’ont accompagné, ils voulaient dire un dernier au revoir à leur papa. Antoinette n’est pas venue, pas qu’elle ne voulait pas, mais Joseph est beaucoup trop petit pour assister à la dépose du cercueil dans la tombe. Plus tard, je lui dirai tout sur son grand-papa, quand il sera en âge de comprendre mes mots. 

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    Notre Joseph est le rayon de soleil de la maison. Maintenant, qu’il marche, il suit son oncle Octave partout. C’est la seule figure paternelle qu’il voit à la maison.

    Nous n’avons toujours pas de nouvelles de Georges. J’ai beau écrire encore et encore aux généraux pour savoir où se trouve mon fils, mais rien. Aucune nouvelle. Il lui est arrivé quelque chose de grave, je sens au fond de mon cœur. 

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    La fin de la guerre a été annoncée. Tous les journaux en parlent. Les hommes vont rentrer et j’espère voir Georges arriver à la maison.

    Octave est rentré de l’école avec un journal. Il l’a montré à tout le monde avec un grand sourire mais aussi un peu de tristesse dans le regard. Son papa avait péri à cette guerre.

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    Mon frère est arrivé devant chez nous deux semaines après la fin de la guerre. J’étais tellement heureuse de le voir.

    Il demande à parler à Antoinette et je sais que le sujet est grave. Il est arrivé quelque chose à Georges. Il ne veut rien me dire tant qu’il n’a pas remis un pli confidentiel à ma bru.

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    Antoinette et lui sont sortis pour discuter. J’ai été couché, Joseph. Par la fenêtre de la chambre d’Octave, j’ai vu ma bru pleurer. Les larmes ont commencé à couler sur mes joues, mon cœur s’est mis à saigner de l’intérieur.
    Mon fils est mort.

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    Les jours ont passé, le deuil se tarit, mais le chagrin reste toujours présent au fond de nous. Rose est devenue une jeune femme pleine d’ambitions.

    Je sais qu’elle fréquentait un jeune garçon, mais depuis le décès d’Henri, elle reste cloîtrer à la maison. Je rêve d’être de nouvelles grand-mères et je sais que ce ne sera plus possible avec Antoinette.

    Parfois, je me dis que ma vie un soupçon d’inachevé. Je me sens seule sans l’être vraiment. Mes amies du village me disent qu’il faut que je me remarie, mais je n’y arrive pas, j’ai toujours Henri dans mon cœur. 

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    Notre Joseph, en soufflant ses bougies, met un terme à cette décennie cruelle.

    Il ressemble tant à son papa que quand je le regarde, les larmes me montent. Il est ma joie et mon soleil. Nous faisons beaucoup de choses ensemble. Petit, il me demandait toujours de lire des livres. Il s’asseyait sur le tapis et m’écoutait raconter les histoires.

    J’espère toujours avoir ses moments et je sais que je les aurais, il est tellement demandeur et indépendant à la fois.
    Je vais clore mon journal à cet endroit, en le commençant, je voulais y coucher ma belle histoire d’amour avec Henri, mais vu qu’il est parti trop tôt, je n’en sens plus le désir. Je passe la main à ma bru. 

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    Portrait de famille 

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    Voici la correspondance entre Antoinette et Georges pendant la guerre. 

     

    Correspondance entre Georges et Antoinette pendant la guerre


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